jeudi 12 avril 2007


Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,

Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;

Ils dorment au fond des tombeaux

Et le soleil se lève encore


Les nuits plus douces que les jours

Ont enchanté des yeux sans nombre ;

Les étoiles brillent toujours

Et les yeux se sont remplis d'ombre


Oh ! Qu'ils aient perdu leur regard,

Non, non, cela n'est pas possible

Ils se sont tournés quelque part,

Vers ce qu'on nomme l'invisible

Et comme les astres penchants

Nous quittent, mais au ciel demeurent,

Les prunelles ont leurs couchants

Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent


Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,

Ouverts à quelqu'immense aurore,

De l'autre côté des tombeaux,

Les yeux qu'on ferme voient encore

Sully Prudhomme

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